mercredi 10 janvier 2007

Le mythe de la tolérance en Andalousie : le point de vue des historiens (2)


« Dans une perspective européenne, ou plus largement euro-arabe, par ailleurs, on a trop souvent mythifié l’histoire d’Al-Andalus, où l’on a voulu voir, aussi bien en Occident que dans l’imaginaire arabe, à la fois un paradis perdu et le modèle de possibles « Andalousies » consensuelles du futur. Dans un article paru dans le Nouvel Observateur en octobre 1994, Jean Daniel évoquait une « sacro-sainte Andalousie où, pendant une soixantaine d’années environ, [avait] régné ce phénomène merveilleux et bouleversant qu’on a appelé ‘l’esprit de Cordoue ‘. Il est permis d’admirer les réalisations du califat de Cordoue et de constater que, dans sa phase centrale, il a correspondu effectivement à un moment de relatif apaisement des tensions ethno-religieuses qui ont si souvent marqué l’espaces méditerranéen au cours de l’histoire. Mais on n’est pas obligé de respecter le tabou qui semble parfois affecter une histoire d’al-Andalus excessivement marquée de volontarisme consensualiste et à laquelle on ne pourrait pas toucher de peur de détruire le fragile espoir entretenu de part et d’autre de la Méditerranée de retrouver un jour cet « esprit de Cordoue ». [...] « L’avenir, cependant, ne peut s’édifier sur des équivoques et des mythes, et al-Andalus, comme beaucoup d’épisodes de l’histoire où l’Occident et le monde arabe se sont rencontrés et confrontés, a souvent donné lieu à des interprétations quelque peu mythiques. »

Guichard Pierre, Al-Andalus, Hachette, 2000 p.11

« Au tournant du IX et X siècle, la composition ethno-religieuse de la population a donc encore l’allure d’une mosaïque composite, où se juxtaposent plutôt qu’ils ne s’associent des éléments arabes, berbères et indigènes, musulmans et chrétiens, mais aussi juifs, toujours prêts à se dresser les uns contre les autres »

Ibid. p.68

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